Le jeune homme aux cheveux d'or et les huit lutins
Il y a si longtemps que presque plus personnes ne sait s'il s'agit d'une véritable histoireou d'une légende, dans une haute motagnese trouvant au-delà de sept mers, vivait un jeune homme exceptionnelllementdoué. Il était non seulement beau et fort, mais il possédaient de surcroît une magnifique chevelure dorée qui lui avait valu le surnom de Finn-aux-cheveux d'or. Pourtant, il ne tirait pas gloire de sa beauté et se servait plutôt de son intelligence. Il était si habile au maniement des armes qu'il était capable d'abattre un oiseau en plein vol, et il courait si vitequ'il battait à la course le cerf le plus rapide. De plus, il avait acquis de parle monde une sage expérience.
Un jour, Finn quitta les pentes rocailleusesdes montagnespour se rendre aubord de la mer afin d'y pêcher quelques poissons. Là, il vit venir à sa rencontre un géant qui lui cria quelque chose de loin. Le jeune homme lui souhaita le bonjour, lui demanda s'il pouvait être utile à quelques chose et s'informa de la raison qui le conduisait en des lieux si perdus.
" Je suis le messager royal du pays des géants. Mon souverain m'a envoyé à la recherche d'un jeune homme. Son nom est Finn. Sa tête est d'or et pleined'intelligence. Ne le connaîtrais-tu pas, par hasard ?"
Finn ne sut que penser. Il préféra ne pas se faire connaître aussitôt et attendre de voir comment les choses allaient tourner.
" Je suis un ami de Finn," dit-il,"je sais qu'il s'est rendu à la pêche. Si tu me confiais le message du roi, je le lui transmmettrais lorsqu'il rentrerait chez lui."
Le géant le remercia de bien vouloir lui rendre ce service. Il confia à Finn que son roi avait entendu parler de l'habileté et de la bravoure de Finn et qu'il souhaitait que le jeune homme se rendît au pays des géants, droit au palais du roi, afin d'y protégé son fils d'un dangereux voleur. Un monstre avait déjà enlevé une nuit deux des enfants royaux et personne ne savait où il les avait emmenés bien qu'une garde importante eût entouré le château cette nuit-là.
La reine devait mettre incessamment au monde un troisième enfant et le roi craignait pour sa vie, c'est pourquoi il avait envoyé chercher Finn qui était seul capable de lutter contre cet ennemi insaisissable.
Le jeune homme promit qu'il transmettrait ce message sans message. Le géant le remercia à nouveau et s'en retourna sur la mer.
Finn se serait volontiersrendu au pays des géants, par delà sept montagnes et sept vallées, afin de porter secours au roi, mais il avait besoin de mettre de l'ordre dans son esprit et, pour le moment, il ne se rendit nulle part.
Le lendemain, pensif, il alla au bord de la mer et contempla l'endroit où le géant avait disparu. Au loin, dans une paisible crique, il aperçut huit lutins à peine hauts de cinq pouces. Ils étaient assis sur le sable et se penchaient sur un jeu de dés, si bien qu'ils ne remarquèrent pas le jeune homme lorsqu'il s'approcha. Celui-ci leur souhaita le bonjour et ils répondirent d'une seule voix :
"Bonjour à toi aussi, Finn ! "
Le jeune homme s'étonna qu'ils le connussent si bien, et il leur demanda qui ils étaient et d'où ils venaient.
"Nous sommes ici pour nous reposer et nous cherchons un homme courageux. Si nous le trouvions, nous nous mettrions à son service, car chacun d'entre nous a sa spécialité."
"Hum ! " dit Finn eb réfléchissant, "toi, dis-moi donc ce que tu sais faire ?" fit-il en se tournant vers le plus jeune.
"Je suis le plus fort. Lorsque je suis assis quelque part, on ne peut plus me faire faire bouger."
Finn considèra ce petit bonhomme pas plus haut que cinq pouces avec incrudilité.
"Essaie-donc !" lui lança le lutin en se trémoussant sur place.
Finn se pencha, le saisit par la tailleet tenta de le soulever. Il essaya d'abord d'une main, puis des deux, mais de quelque façon qu'il s'y prît, il ne parvint pas à le faire bouger d'un centimètre.
"Tu es un sacré gaillard ! " admit Finn, "par ma foi, je dois admettre qu'il n'existe pas une force au monde capable de te faire bouger. Et que savent faire tes camarades ?"
"J'entends jusqu'ici le moindre bruit venant du bout du monde," anonça calmement un autre des lutins.
"Baste" s'écria Finn.
"Et moi," dit le troisième,"jentends la moindre feuille tomber de l'arbre le plus lointain."
"Quant à moi, je sais avant tout le monde ce qu'il va se se passer," ajouta le suivant.
Finn ne s'étonna plus de rien lorsqu'un autre lutin prétendit qu'il était capable de déraber n'importe quoi, même les oeufs d'un nid, sans que l'oiseau qui les couve ne s'en aperçoive.
Le sixième lutin savait grimper aux remparts et aux murs des plus châteaux, même lorsqu'il s'agissait de murs de glace ou de verre. Le septième confia à Finn qu'il était un tireur d'exception, capabled'atteindre une seule mouche dans un essaim. Quant au dernier, il se vanta de pouvoir construire une maison en bois avec des brindilles, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
"Saurais-tu construire un bateau ?"
"Lorsque tu t'en seras retourné d'où tu viens," répondit le lutin,"un bateau t'atendra sur la mer."
Pour le coup, Finn se demanda s'il pouvait croire à une telle promesse. Alors, le petit homme se fâcha. Il se mit à chercher les brindillesqui se cachent dans le sable et, avant que Finn n'ait pu prononcer un mot, il lança dans la mer. A l'instant même, un superbe bateau se mit à se balancer sur les vagues.
"Es-tu satisfait ?" grogna le lutin.
Finn ne pouvait en croire ses yeux. Il s'exclama :
"Avec ce navire, nous pourrions aisément nous rendre au pays des géants, et nous irions beaucoup plus vite que si passions par les terres, en traversant sept montagnes et sept vallées. Nous pourrions ainsi monter la garde ensemble auprès de l'enfant du roi. Si nous y allions et que nous réussissions, je partagerais ma récompense avec vous."
"Nous n'attendions qu'un mot de toi pour t'aider. Nous te servirons bien au pays des géants, car nous y connaissons la moindre pierre. Et nous savons comment nous rendre au palais du roi."
Ils préparèrent donc au départ et ils partirent ensemble pour ce long voyage. Un vent favorable poussa le navire vers son but et ils atteignirent bientôt une une contrée inconnue. De hautes montagnes surgissaient de la mer et montaient jusqu'au ciel comme d'impressionnantes murailles. On n'y voyait pas la moindre faille ni la moindre brèche. Mais les lutins connaissaient l'endroit et ils trouvèrent un passage au milieu des rochers par lequel leur bateau put se glisser. C'est ainsi qu'ils arrivèrent en bas du château du roi. Il amarrèrent leur navire à un piton rocheux de la berge avec des cordes solides afin nulle tempête ne pût l'en détacher. Puis toute la troupe s'en alla voir le roi.
Le souverain les accueillit en personne à bras ouverts, comme s'ils eussent été ses propres frères. Et il les invita à sa table. Au milieu des festivités, on vint anoncerune bonne nouvelle. La reine venait de mettre un fils au monde. Tout le monde but de bon coeur à la santé de l'enfant royal. Mais on se garda de trop se réjouir. Une lourde tâche attendait Finn à présent. Le roi craignait que son fils ne fût enlevé la nuit-même par le monstre comme cela avait été le cas pour le premier. Quant au second, il avait disparu des bras de sa nourricele jour même de sa naissance sans que personne ne s'en aperçût.
"N'aie pas peur, seigneur," lui promit Finn,"je te jure sur ma tête que nous garderons bien ton fils."
"Bien, puisque tu t'en crois capable," répondit le roi,"mais songe bien que tu me l'as juré sur ta tête. Quant à moi je ne veux aucun mal, je ne souhaite que conserver mon fils."
Ensuite, le roi installa Finn et ses compagnons dans une grande chambre où deux nourrices placèrent le berceau du nouveau-né.
"Pourquoi as-tu juré sur ta tête ? C'est bien inconsidéré de ta part, car je sais d'avance que quoi nous fassions, l'enfant sera ce soir."
Pourquoi ne l'as-tu pas dit plus tôt ?" gronda Finn," et puisque tu sais si bien tout ce qui se passe, pourquoi ne nous dis-tu pas qui est le voleur ?"
"Je ne l'ai pas dit, car je n'en savais rien avant d'entrer dans cette pièce. A présent je sais qui est le voleur. Il s'agit de la du royaume des tempêtes. C'est une puissante sorcière. Elle a enlevé les deux premiers enfants et les retient prisonniers dans son château de glace, là-bas, vers le nord, à seule fin de tourmenter le roi des géants et son épouse. Elle sait se rendre invisible, passer par les toits et tirer les enfants par la cheminée. Puis elle s'envole avec eux jusque dans son château."
"Puisqu'il en est ainsi, je peux facilement vous aider," dit le nain le plus fort de tous."Je m'assiérai devant la cheminée et lorsque la sorcière se présentera pour enlever l'enfant je l'attraperai et je ne la lâcherai plus."
Ils s'assirent donc tous près de l'âtre et passèrent leur temps à jouer. Un peu avant minuit, un des lutin annonça qu'il entendait la sorcière, mais personne ne put la voir, car elle s'était rendue invisible.
"C'est le moment de faire attention, mes amis ! " s'écria Finn.
A cet instant, la sorcière passa son long bras par le conduit de la cheminée. Le lutin l'empoigna et tira. Alors, la sorcière tenta vainement de se dégager et elle se débattit sur le toi en faisant autant de bruit qu'une tempête. Mais le lutin était plus fort qu'elle et ne la lâcha pas. Comme la sorcière avait plus d'un tour dans son sac, elle abandonna son bras prisonnier sans en ressentir la moindre douleur, et le lutin retira sa prise de la cheminée. Ceux qui étaient dans la pièce, gardes et nourrices, ne purent en croire leurs yeux. On avait jamais vu un bras pareil, même au pays des géants. Ils étaient si impressionnés qu'ils laissèrent l'enfant sans surveillance un petit instant. La sorcière en profita pour introduire son autre bras dans cheminée et pour enlever le nourrisson de son berceau et l'emporter avec elle aussi que le vent. Elle s'envola au-dessus des montagnes et des vallées et parvint jusque chez elle, au pays des tempêtes.
Lorsque les lutins eurent repris leurs esprits, il était trop tard.
"Ne t'avais-je pas prévenu ?" dit le lutin devin à Finn. "Retournons vite au bateau avant que le roi ne s'éveille, sinon tu auras tout à craindre de lui demain."
"Nous ne nous enfuirons pas comme des lâches, je préfère encore poursuivre cette sorcière jusqu'au pays des tempêtes !" déclara Finn.
Les nourrices effrayées promirent de se taire jusqu'au matin et de ne pas donner l'alerte.
Alors, Finn et ses compagnons quittèrent en hâte le château. Ils retrouvèrent le navire, larguèrent les voiles et cinglèrent vers le nord à la recherche du palais de glace de la reine des tempêtes.
Ce fut un terrible voyage ! Les icebergs se dressaient devant eux. Il leur fallait trouver un passage entre eux malgré le vent furieux qui manquait de les faire chavirer. Une neige gelée tombait du haut des icebergs et fouettait les flancs du bateau. Mais le lutin capitaine parvint à les mener sans encombre jusqu'au pied d'un château comme ils en avaient encore jamais vu. Il surgissait directement de la mer comme taillé dans les glaces du pôle. Il ne possédait ni portes ni fenêtres, juste une ouverture dans le toit par où entrait la sorcière. Les murailles étaient de glace épaisse et le vent qui soufflait sur elles devenaient si froid qui faillit transformer Finn et ses amis en statues.
Le lutin bon tireur, le lutin capitaine et Finn restèrent sur le bateau afin de monter la garde, tandis que les autres se lançaient à l'assaut du château. Les remparts ne montraient aucune aspérité à laquelle se raccrocher, et ils étaient si froids qu’une mouche n’aurait put y survivre un instant. Mais cela n’empêcha pas les lutins de grimper avec autant d’aisance que s’ils avaient emprunté des chemins normaux. Peu de temps après, ils se trouvèrent au bord de l’ouverture dans le toit. Le lutin voleur se glissa silencieusement au bout d’une corde dans le château après que ses camarades lui eussent expliqué par où il devait passer pour rejoindre les enfants royaux. Il ne mit guère de temps à les retrouver tous les trois.
Puis, tous ensemble, ils coururent vers le bateau, larguèrent à nouveau les voiles et repartirent vers le sud en direction des pays des géants. Lorsque le palais des glaces eut disparu derrière eux, ils poussèrent des cris de joie.
« Ne vous réjouissez pas trop vite, car nous ne sommes pas hors de danger, dit le nain devin. La sorcière est en train de se réveiller et elle va nous poursuivre en volant. Gare à nous ! »
« On verra qui de nous ou de la sorcière doit se faire du souci ! » grogna le lutin bon tireur.
Sur ces entrefaite, la sorcière s’était réveillée car un esprit lui avait soufflé à l’oreille que quelque chose n’était pas tout à fait normal château. Elle s’était aussitôt ruée dans la chambre où les enfants dormaient en compagnie de nourrices. Là, elle avait constaté que les lits d’or et d’argent étaient vides et que les nourrices étaient plongées dans un sommeil si profond que même le tonnerre n’aurais pu les en réveiller.
La sorcière en frémit de colère, puis elle s’envola par le toit à la poursuite du bateau. Quand elle aperçut les voiles blanches, elle se rendit à nouveau invisible.
Mais elle ne put tromper la vigilance des lutins. Ils la sentirent dans l’air car, bien qu’ils ne la vissent point, ils l’entendaient.
« Eh !Toi, le tireur, ne rate pas ton coup, sinon elle va fondre sur nous comme la foudre, » dit un des petits hommes.
Alors, le lutin bon tireur lança une flèche en direction du bruit que faisaient les ailes de la sorcière. Il tira en même temps qu’une énorme vague emportait le bateau à toute vitesse vers le pays des géants. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ils furent au château et, une heure avant l’aurore, ils se glissèrent dans la chambre où les attendaient les nourrices en larmes. Là ils posèrent le nouveau-né dans son berceau et se réjouirent en attendant le retour du roi.
Quand le jour fut levé, le souverain envoya un valet voir comment se portait son plus jeune fils. Au bout d’un moment, le serviteur retourna en courant chez son maître et dit, à bout de souffle :
« Seigneur, on entend du couloir des rires en provenances de la chambre du nouveau-né. On entend même des chants ! Et le plus curieux de tout est qu’il s’agit de voix d’enfants. »
Alors, le roi bondit de son et se rua vers la chambres afin de voir de c’est propres ce qu’il s’y passait. Il frappa fermée qui s’ouvrit sur le jeune homme souriant et sur ses deux aînés devenus presque aussi grand que Finn. Dans le berceau dormait encore le plus jeune et près de lui se tenaient huit lutins, les plus habiles qui soient au monde.
Le roi était si heureux qu’il ne savait s’il devait rire ou pleurer. Il serra ses fils dans ses bras, puis il serra la main de Finn et des lutins.
« Je vous remercie de m’avoir porté secours et d’avoir sauvé mes enfants innocents. Inn je sais que tu t’es distingué par des actes de courage comme on n’en voit pas beaucoup dans une vie. Nous nous souviendrons de toi ici comme d’un héros et nous n’oublierons pas tes compagnons et leur habileté. »
Puis le roi s’en fut porter la bonne nouvelle à la reine et envoya ses messagers aux quatre coins du monde afin d’invité tous les puissants de la terre au château en l’honneur de ses fils et de leurs sauveurs. Des hôtes d’ici et d’ailleurs festoyèrent ainsi sept jours et sept nuits. Ils burent à la santé de Finn et de ses amis. Lorsque le banquet prit fin, les serviteurs chargèrent de l’or, de l’argent et d’autres trésors sur le bateau de Finn. C’était la récompense méritée pour avoir libéré les fils du roi des géants de l’emprise de la reine des tempêtes.
Le jeune homme aux cheveux d’or se rendit encore célèbre par d’autres actes de bravoures. C’est pourquoi les gens se souviennent encore de lui de nos jours. Et ceux qui savent raconter son histoire n’ont pas se soucier de leur subsistance. Ils trouvent toujours place à une table accueillante et bien garnie entourée de gens très curieux de l’entendre.